leParisien
L’interdiction d’exploiter des hydrocarbures de roche mère a reçu hier le soutien du Premier ministre. Explications du député-maire de Provins, à l’origine d’une proposition de loi sur le sujet.(1)
La menace de voir fleurir des exploitations d’hydrocarbures de schiste dans les champs seine-et-marnais s’éloigne. François Fillon a annoncé hier l’annulation des autorisations de recherche délivrées aux compagnies pétrolières. Le Premier ministre a aussi redit son soutien aux propositions de loi visant à interdire l’exploitation de ces gisements.
A l’origine d’un des textes, le député-maire UMP de Provins, Christian Jacob.
Pourquoi avoir déposé une proposition de loi ?
CHRISTIAN JACOB. De nombreuses autorisations de recherche ont été délivrées, notamment en Seine-et-Marne. Or, pour accéder aux hydrocarbures de schiste, les industriels ont recours à la fracturation hydraulique. Cette technique consiste à injecter de l’eau et des adjuvants dans le sous-sol pour briser les pierres et en dégager le gaz enfermé. On affirme que c’est sans danger. Mais si les roches ont des failles, où iront ces polluants? Qui nous assure que les nappes phréatiques seront épargnées?
Est-il envisageable d’autoriser un jour l’exploitation de ces gisements ?
S’il existe des techniques propres, peut-être. Mais rien ne prouve que ce soit le cas. Nous verrons dans cinq ou dix ans. Pour l’heure, on ne peut jouer les apprentis sorciers et injecter des produits dans la terre sans en connaître les conséquences. Je préfère qu’on applique le principe de précaution et tout stopper.
N’aurait-il pas été plus simple que Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie, ne délivre pas ces permis?
C’est à lui qu’il faudrait poser la question. A cette époque, seule l’exploration des sous-sols a été autorisée. Il me semble que permettre la recherche d’hydrocarbures pour ensuite interdire leur exploitation n’a pas de sens.
Que pensez-vous de l’action en justice menée par le conseil général et le conseil régional pour faire empêcher les forages à Doue?
Elle ne sert à rien. Tous les permis délivrés sont sous le coup du moratoire décidé début février par le ministère de l’Ecologie. Par ailleurs, ma proposition de loi doit être débattue par l’Assemblée le 10 mai, puis en juin par le Sénat. Si elle est adoptée, elle pourrait entrer en vigueur avant l’été. D’ici là, je n’imagine pas des industriels utiliser des milliers d’euros pour fouiller un sous-sol qu’ils ne pourront exploiter.
La sénatrice PS de Seine-et-Marne, Nicole Bricq, avait déjà déposé une proposition de loi. Avez-vous cherché à la prendre de vitesse?
Pas du tout. Nos propositions sont quasiment similaires, si ce n’est le réquisitoire de la gauche contre le gouvernement. J’ai d’ailleurs proposé que nous mettions en commun nos propositions lors de la commission mixte paritaire. Le débat va au-delà des clivages politiques.
PROPOS RECUEILLIS PAR JILA VAROQUIER | Publié le 14.04.2011, 07h00
(1)Rappelons l’importance du rôle de Madame BILLARD, sur le sujet qui, dès le 29 mars a été la première à interpeller à l’Assemblée les députés sur l’exploitation de gaz de schiste :
- « C'est que la question a donné naissance à l'une des plus fortes mobilisations écologistes du moment. Imaginez entre 10 et 20 000 personnes à une manifestation en Ardèche ! Un beau succès pour le collectif ardéchois, épaulé par les collectifs des départements limitrophes et de tout le pays ! » a-t-elle souligné dans son blog.
Sur le blog de Madame Martine BILLARD, Députée de Paris 1ère circonscription :
Débat sur les gaz de schiste
Mardi, 29 mars 2011, 19:08
Notre groupe a périodiquement le droit de demander un débat à l'Assemblée. J'avais suggéré la question des gaz de schiste, dont je vous avais parlé dans un précédent billet. Le débat de cet après-midi a sans doute été plus éclairant que le gouvernement ne l'aurait souhaité. Les réponses de la ministre n'ont pas été très claires, mais le moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste a été confirmé. Par contre, pour les huiles de schiste dans le bassin parisien, les permis ayant été délivrés en vue d'une exploration pétrolière traditionnelle, le gouvernement négocie pour que les forages verticaux autorisés ne débouchent pas sur des forages horizontaux.
Les mobilisations citoyennes ont payé : quasiment aucun député UMP n'a soutenu la poursuite de l'exploration des gaz des schiste.
Pour voir l'ensemble du débat (avant le 27 juin), choisissez "29 mars 2011, 2e séance" dans la page du portail vidéo de l'Assemblée.
Lire la suite sur le blog de Madame la Députée, Martine BILLARD
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