leParisien , ce 12.03.11, 10h30
Une explosion a été observée et entendue samedi à la centrale nucléaire de Fukushima N°1, dans le nord-est du Japon, alors qu'un nuage blanc s'élevait au-dessus du site. Plusieurs employés ont été blessés. Après le violent séisme qui a frappé le pays, les autorités japonaises avaient décrété dès vendredi l'évacuation d'une zone de dix kilomètres autour de cette centrale située à 250 km au nord de Tokyo.
L'Agence de sécurité nucléaire et industrielle estimait samedi qu'une fusion était en cours dans le réacteur N°1 de la centrale, suite aux dommages causés par le très violent séisme de vendredi. De son côté, la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco), qui exploite le site, contestait qu'un tel phénomène soit en cours, expliquant qu'elle tentait «de faire remonter le niveau d'eau» pour refroidir le réacteur.
Des dysfonctionnements du système de refroissement de ce réacteur numéro 1 avaient été signalés vendredi, ainsi qu'une élévation anormale de la pression interne. Tepco avait reçu des autorités l'instruction de laisser s'échapper des vapeurs comportant des substances radioactives pour faire descendre la pression, après avoir évacué la zone dans un rayon de 10 kilomètres. Par ailleurs, du césium radioactif a été détecté aux alentours de cette centrale, a assuré l'agence Kyodo, citant les responsables de la sûreté nucléaire.
45.000 habitants évacués vendredi
Vendredi, c'est le Premier ministre Naoto Kan qui a demandé à la population d'évacuer le secteur habité par 45 000 habitants vers 6h30 samedi matin (22h30 vendredi soir, heure de Paris) en raison d'une radioactivité 8 fois supérieure à la normale et d'une fuite radioactive à l'extérieur de la centrale. Selon l'agence Kyodo, ce taux de radioactivité était beaucoup plus alarmant : 1000 fois supérieur à la normale dans la salle de contrôle du réacteur numéro 1. Pire : selon des médias japonais, une deuxième centrale nucléaire - toujours dans le secteur de Fukushima - rencontrait samedi matin des problèmes de refroidissement.
L'état d'urgence nucléaire a été décrété au Japon à titre de précaution. Un total de onze réacteurs sur 55 se sont automatiquement arrêtés, selon le ministère de l'Industrie.Un départ de feu a par ailleurs été signalé dans un bâtiment abritant une turbine dans la centrale nucléaire d'Onagawa située dans la préfecture de Miyagi.
La centrale la plus importante du pays, Kashiwazaki-Kariwa, dans la préfecture centrale de Niigata, plus éloignée de l'épicentre, restait quant à elle opérationnelle. Quelque 4,4 millions de foyers étaient privés d'électricité dans le nord-est du Japon.
Pour être informé rendez-vous sur le site du CRIIRAD - Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité - ici
La douleur des Japonais est notre douleur, cela va sans dire, et mes pensées vont spécialement vers Taka et Kei, son épouse et leurs enfants.
Il est juste incroyable de penser que le pays le plus nucléarisé au monde (17 centrales nucléaires, tout-de-même !) soit aussi celui à plus haut risque sismique ! Comment peut-on laisser faire de telles aberrations ?
Beaucoup de choses vont se dire ces prochains jours sur le nucléaire : plus sûr, plus économique, moins dangereux même que la voiture, plus écologique, sans émissions de CO2 et que, de toutes façons, nous n'avons pas encore trouvé le moyen de fournir de l'énergie à grande échelle autrement que par le nucléaire. Beaucoup d'arguments en faveur du nucléaire vont être avancés, oui évidemment...
Une seule question face à ces arguments : combien de temps met une pollution nucléaire à se résorber ?
Qu'en est-il exactement du taux d'irradiation de Tchernobyl, 25 ans après " l'accident " du 26 avril 86 ?
Quel bilan a-t-il était fait de cette tragédie ?
Un accident nucléaire n'est pas un accident comme les autres, aussi effroyables soient-ils. Un accident nucléaire, lui, est toujours en soi une catastrophe en regard de l'ampleur, de la dissémination et de la durée de l'exposition aux radiations.
Non le nucléaire n'est pas une source d'énergie comme les autres...
L'EXPRESS Nucléaire : le cancer à petites doses
Par Casteret Anne-Marie, publié le 17/04/1997
50 ans après Hiroshima, on vient de découvrir que même de faibles doses de radiations représentent un risque accru de cancer
Pour la première fois, une étude épidémiologique publiée par la revue Santé et travail prouve l'effet cancérogène des rayons ioniques, même à faible dose.
50 millisieverts, c'est la dose annuelle maximale admise pour les personnes directement exposées au risque nucléaire. C'est aussi la dose reçue, il y a cinquante ans, par quelques milliers d'habitants de Hiroshima et de Nagasaki. Or, longtemps considérée comme insignifiante, car faible, cette irradiation se révèle cancérogène à long terme.
Jusqu'à présent, les observateurs pensaient qu'il fallait atteindre au moins quatre fois cette dose pour constater un effet nocif. D'ailleurs, la vague de leucémies apparue cinq ans après l'explosion des bombes atomiques et directement liée à l'action des rayons ionisants avait semblé épargner le groupe de survivants «faiblement» irradiés. D'où les conclusions sommaires de la communauté scientifique, estimant qu'au- dessous d'un certain seuil les dégâts causés par l'irradiation nucléaire devaient être inexistants ou facilement annulés par les capacités de réparation de la cellule.
Mais, pour la première fois, l'enquête épidémiologique conduite par la fondation américano-japonaise RERF (Radiations Effects Research Foundation) depuis 1950 vient de prouver que les «faibles doses» pouvaient engendrer d'autres cancers que les leucémies. Le rapport, paru en juin 1996 dans la revue très spécialisée Radiation Research, était resté très discret jusqu'à présent. Mais sa publication pour le journal Santé et travail de la Mutualité française devait susciter de sérieux remous dans la communauté scientifique. Les auteurs du rapport expliquent que deux types de cancers se sont manifestés dans les années qui ont suivi l'explosion de la bombe atomique. Le premier type - la leucémie, ou cancer du sang - est apparu dès la troisième année, avec un pic vers la huitième année et une lente régression ensuite. Entre 1950 et 1990, on compte, au total, 87 leucémies «en trop» par rapport au nombre de cas survenus pendant la même période chez une population témoin.
La fréquence du second type de cancers, les tumeurs «solides», qui apparaissent sur des organes comme le foie, les poumons, les seins, etc., a augmenté plus tard. Elle est toujours en pleine progression. Au début des années 90, il y avait déjà un excès de 334 tumeurs malignes parmi la population japonaise exposée.
«Les décès survenus dans les cinq dernières années de la période étudiée illustrent bien cette différence d'évolution; ils représentent 3% des leucémies et 25% des tumeurs malignes mortelles survenues en quarante ans, explique Jean-Claude Zerbib, ingénieur en radioprotection et auteur de l'article de Santé et travail. Et, pour ce qui est des cancers solides, l'excès de risque ne concerne pas uniquement les sujets fortement irradiés, mais bien aussi les autres. Quel que soit l'organe étudié, on ne trouvait pas, avant cette publication, d'augmentation du risque pour la fraction de sujets exposés à des doses inférieures à 200 millisieverts. Aujourd'hui, on sait que, même à 50 millisieverts, le risque de cancer est accru.» Organes les plus concernés: vessie, oesophage, côlon, ovaire, sein, poumon. Même si, effectivement, il y a une différence majeure entre l'irradiation unique, en un millième de seconde, des victimes japonaises et l'exposition professionnelle étalée sur des dizaines d'années, les dernières nouvelles de Hiroshima et de Nagasaki - l'effet nocif prouvé des faibles doses - devraient rapidement conduire à réviser les normes de radioprotection actuellement en vigueur.
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