Epangages aériens, les pesticides et insectides et leurs nuisances
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Epandages aériens,
la mort aux trousses
" La mort aux trousses " - Cary Grant - 1959 - Réalisateur Alfred Hitchcock
En pleine semaine de l'action contre les pesticides, les épandages aériens prennent leur envol !
Les avions ou hélicoptères peuvent continuer à pratiquer des pulvérisations aériennes de pesticides et la France assouplit les contraintes liées à ces activités, la liste des dérogations s'est nettement élargie.
Très encadrées par la loi, ces pratiques nécessitaient des procédures précises comme une autorisation préfectorale, malgré la législation il n'est pourtant pas rare que la loi ne soit pas respectée : épandages sans autorisation préfectorale, balisages non réalisés, non prise en compte des contraintes météorologiques, dates d'autorisation non respectées, pulvérisation hors des zones délimitées ou à proximité d'habitations et de cours d'eau, toutes pratiques parfaitement illégales qui ont conduisent des association et des particuliers à porter plainte pour dénoncer les risques liés à l'usage de ces pulvérisation de pesticides, comme le démontre cette Plainte en Corrèze contre l'épandage aérien d'insecticides dans les châtaigneraies autorisé par le Préfet de Région en août 2011. voir France3 Limousin
Les associations environnementales, les riverains des zones touchées, les apiculteurs ou les cultivateurs bio s'inquiètent et dénoncent ces procédés. Quant à l'impact sur la santé des dispertions aériennens de pesticides et d'insecticides plusieurs médecins et non des moindres, s'en affolent, en outre de récentes études mettent en cause les produits chimiquiques qui favoriseraient l'obésité et le diabète.
Impact sanitaires sur la santé des populations, impact environnemental sur toute la biodiversité dont celle des cours d'eau, impact sur les abeilles et aux autres insectes et par extension, sur les oiseaux insectivores, impact sur les terres de culture aux micro-organismes détruits, impact économiques liés aux agriculteurs bio, les épandages aériens sont, de plus, en causes d'accidents aériens, dont deux récemment aux Antilles, l'un ayant causé la mort du pilote de l'hélicoptère d'épandage. L'opposition aux épandages aérien n'est pas une simple polémique, ces pratiques sont dangereuses, les études qui y sont liées menées unilatéralement et à la va-vite, les opposants ne sont pas consultés ni entendus, quant aux dérogations elles sont de plus en plus faciles à obtenir...
Le 23 mars 2012 le journal LeMonde publiait cet article
LE MONDE | 23.03.2012
Par Martine Valo
En principe, l'épandage aérien de pesticides est interdit en France. En principe seulement, car la circulaire du ministère de l'agriculture, publiée très discrètement le 5 mars, introduit de nombreuses exceptions. Intitulé "Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés ou en cours d'évaluation pour les traitements par aéronefs", ce texte, "à diffusion limitée" et que Le Monde s'est procuré, fournit aux directions régionales et départementales de l'agriculture, aux directions des populations, aux services vétérinaires, la possibilité de délivrer des dérogations pour toute une série de fongicides, herbicides, insecticides destinés à traiter le maïs, le riz, la vigne et les bananiers.La circulaire risque de passer pour un feu vert et présagerait alors des conflits probables entre commanditaires de l'épandage, cultivateurs bio, apiculteurs, riverains, comme ce fut le cas dans plusieurs régions en 2011.
La loi Grenelle II du 13 juillet 2010, qui, dans son article 103, interdit la pulvérisation de ce type de produits depuis un avion, un hélicoptère ou un ULM, comporte elle-même une part d'ambiguïté puisqu'elle prévoit des dérogations. Mais restreintes: lorsque cette pratique "présente des avantages manifestes pour la santé et l'environnement par rapport à une application terrestre", lorsqu'il faut agir en urgence face à un danger qui menace les plantes, les animaux, la santé humaine, ce mode d'intervention peut se justifier "dans des conditions strictement définies par l'autorité administrative pour une durée limitée" et après avis de plusieurs commissions compétentes en matière d'environnement.
"EFFETS GRAVES POUR LA SANTÉ"
La loi stipule en outre que lors des pulvérisations, l'opérateur doit respecter une distance minimale de sécurité de 50 mètres par rapport aux habitations, jardins, parcs, points d'eau, marais... La France avait par ailleurs renforcé son dispositif d'encadrement de l'usage des pesticides par épandage aérien en transposant, en juillet 2011, une directive européenne datant d'octobre 2009. La réglementation approuvée par les Vingt-Sept impose que les pesticides doivent être "expressément approuvés par l'Etat membre à la suite d'une évaluation spécifique des risques" qu'ils comportent.
La circulaire du 5 mars émanant de la direction générale de l'alimentation donne la liste de sept pesticides "autorisés", dans la mesure où ils ont été évalués par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (Anses) spécifiquement pour être appliqués par voie aérienne. Il s'agit de quatre fongicides, d'un insecticide, un herbicide et un stimulateur de défenses naturelles utilisés dans la culture des bananes et du riz.
Six sont classés officiellement "dangereux pour l'environnement" et "nocif" sur le plan toxicologique. Le site Internet du ministère de l'agriculture recense quelques-unes de leurs caractéristiques: "risque d'effets graves pour la santé en cas d'exposition prolongée par ingestion", "très toxique pour les organismes aquatiques" au sujet du Sico par exemple; l'inhalation de vapeurs de Tilt - qui s'avère irritant pour les yeux et la peau - "peut provoquer somnolences et vertiges" et son ingestion "une atteinte des poumons"; le Gardian présente "des risques d'effets graves pour la santé en cas d'exposition prolongée par ingestion". Les autres (Bion 50 WG, Mimic LV, Amistar, Clincher) présentent le même genre de profil.
Le ministère fournit aussi une liste de seize pesticides dont le dossier a été déposé auprès de l'Anses à la fin de l'année 2011 ou qui devrait l'être d'ici au 31 mars et qui "peuvent en conséquence être intégrés dans les demandes de dérogation" formulées par les commanditaires de pulvérisation aérienne. S'agit-il de les autoriser avant même que l'Agence ne se penche sur leur cas respectif ? Au ministère de l'agriculture, on assure qu'il n'en est pas question. N'empêche, l'administration semble soucieuse de ne pas faire perdre de temps aux agriculteurs convaincus par ce type d'épandage. Le texte prévoit que si l'évaluation des produits n'est pas terminée au 31 mars, date limite pour cette année, une dérogation pourra néanmoins être octroyée ultérieurement.
Il n'est en outre pas sûr que les experts de l'Anses aient eu le temps d'étudier dans le détail les spécificités des sept pesticides accrédités. Certains d'entre eux disposaient d'une autorisation de mise sur le marché ancienne, qui a bien vite été actualisée.
Un nouvel hélicoptère d'épandage s'écrase
Vendredi soir, un hélicoptère s'est encore crashé, à Basse-Pointe cette fois-ci, dans un champ de bananes. Le second accident en moins d'une semaine, après celui qui a coûté la vie à un pilote chevronné de 43 ans lundi.